Dans quelle mesure les représentations et l’interprétation de la guerre dans les manuels scolaires d’Histoire, et plus généralement dans les outils didactiques, ont influencé la façon de
concevoir l’identité nationale sur des générations dans le long terme ?
Comme l’a souligné Laurence De Cock, « le rythme du roman national se voulait incontestablement guerrier et la gloire forgeait de l’identité nationale ».
Comment les représentations de guerres ont-elles influencé les relations sociales à l’intérieur des sociétés européennes ? Quelles sont les motivations politiques de ces images ? Une plus grande
connaissance entre chaque nation rassemble-t-elle leurs sociétés ? Ou sont-elles au contraire divisées par la « honte » de la défaite, ou par une « souffrance excessive » en vue de conserver la
victoire ? Face à cette pluralité de motivations, d’objectifs et de discours, le colloque se propose de rassembler des chercheurs, archéologues, historiens, historiographes, épistémologues,
sémioticiens, pour lire la guerre à travers ses traces : du factuel au lisible, du vécu au visible, de l'événement au récit.
En axant les travaux sur l’historiographie des guerres antiques et médiévales, les discussions interrogeront le concept de représentation.
A travers ce colloque, une comparaison entre le dit d’hier et le connu d’aujourd’hui, à propos des conflits étudiés au cours de l’histoire, permettra d’étudier plus précisément les choix
historiographiques. Au coeur d’une approche comparative et européenne, il s’agit de questionner l’existence d’une épistémologie complexe de la guerre dans les leçons d’histoire à l’école. A quoi
sert-elle ? Pourquoi l’enseigner ? Par quels procédés spécifiques aux manuels scolaires l’histoire est-elle enseignée (illustrations, récits historiques, position occupée dans le livre) ? C'est à
ce titre que ce colloque esquissera la complexité d'une épistémologie de la guerre en Histoire. Cette épistémologie est herméneutique, par l'interprétation qui peut être faite de la guerre suite
à la lecture des images et des discours qui la représentent ; elle est aussi anthropologique, par les intentions culturelles et identitaires de ces représentations. C'est enfin une causalité
générale, plurielle et européenne de la guerre en Histoire. Pourquoi l'enseigner, encore de nos jours ? A quelles fins ? Cette question recouvre donc autant d'intérêts scientifiques que d'enjeux
d'actualités.